Entretien avec Yosi Goasdoué, champion de France de semi-marathon.
Aujourd’hui nous vous parlons d’un aspect de la vie du sportif qui est parfois occulté, à tort : la récupération.
Yosi nous partage sa vision de l’importance du repos mais aussi des autres facettes de la récupération pré et post-entraînement, pour optimiser vos progrès dans votre discipline.
Bonjour Yosi, comment se passent les préparations de compétitions pour la seconde partie de l’année 2021 ?
Les préparations se passent plutôt bien, la météo printanière aidant ! La situation présente nous permet de faire beaucoup de kilométrages.
On profite également de la situation pour optimiser notre préparation physique afin d’être au top d’ici juin. Après on pourra commencer à envisager des séances plus spécifiques pour les courses de l’automne.
On est souvent tenté de se dire que le résultat d’une pratique sportive passe principalement par l’exercice de celle-ci ; la partie nutrition et son importance commencent aussi à avoir de plus en plus de résonnance chez les praticiens amateurs… mais on vit tout de même dans une époque qui porte un discours qui célèbre l’acharnement pour accomplir un succès sportif (ou autre d’ailleurs), jusqu’à la blessure, voire l’épuisement, comme si le succès se trouvait derrière la ligne du bien-être. L’idée de « souffrir pour être beau », un peu.
Que penses-tu de ce discours ? Il te paraît indispensable pour progresser ?
J’ai été bercé durant mes années universitaires étatsuniennes par la devise « no pain no gain » qui fait légion là-bas…
Elle a certains avantages : celui de l’abnégation, de la persévérance, d’aller au-delà de ces limites. Je pense que c’est une approche pertinente pour un sportif de haut niveau, mais elle ne devrait pas s’appliquer systématiquement pour les sportifs amateurs qui carburent simplement à la passion.
Je pense d’abord que l’écoute de son corps, puis l’équilibre entre vie professionnelle, vie personnelle et vie sportive sont indispensables pour progresser au mieux. L’enjeu est avant tout de se sentir bien dans sa tête et d’avancer dans sa pratique avec plaisir.
Dès que l’on perd ce cap, le risque de fatigue, et donc de blessure, est plus grand.
Comment pourrait-on mettre plus avant l’importance du bien-être et, par-là, de la récupération avec une séance de sport ?
En se répétant sans cesse que la récupération fait partie intégrale de l'entraînement ! Je prends un exemple que tout le monde connaît : votre séance d’étirement après votre footing. C’est une étape indispensable de votre récupération !
Y a-t-il des « essentiels » de la récupération, qu’on retrouve dans toutes les disciplines sportives (étirement, temps laissé avant la nutrition avec un training, etc.) ?
L’étirement est essentiel dans toutes disciplines sportives. Il permet de détendre les muscles après un effort intense. L’étirement fait « respirer » le corps, d’une certaine manière.
Le sommeil fait aussi partie intégrante de la récupération pour la régénération de l’organisme. Enfin, on le sait mieux à notre époque en effet, une alimentation saine et équilibrée est essentielle, et je comptabilise ici l’hydratation : 1,5 L minimum par jour.
Quels seraient les aspects de la récupération spécifiques à la course à pied, que tu pratiques professionnellement ?
Personnellement je mets régulièrement des bas de contention afin de drainer au mieux mes jambes. Je pratique aussi régulièrement la cryothérapie pour récupérer de la fatigue cumulée.
Peut-on « trop » récupérer ? Y a-t-il un cycle vertueux à trouver et conserver (de temps, d’intensité, etc.) entre la récupération, l’exercice physique… ?
Certaines pratiques de récupération peuvent être contre productives si elles sont pratiquées à l’excès comme le sauna, hammam. Elles peuvent ramollir les muscles. Pour que ce type de récupération soit efficace, il faut l’éloigner d’au moins 24h de sa pratique physique plus intense.
Tu dirais que pour progresser il faut autant s’entraîner à sa pratique sportive que « s’entraîner à bien récupérer » ?
Pour progresser : la régularité. C’est la clef de toute votre pratique, pour que le corps s’habitue à l’intensité que vous lui faites subir.
Et, oui, il faut dès le début allier la pratique physique à la récupération : si on s'entraîne plus, on récupère plus. Les deux vont de pair. Si vous avez besoin de le voir ainsi, vous pouvez même intégrer à votre planning vos « sessions de récupération », au même titre que vos sessions d’entraînement.
On connaît l’importance du mental dans l’exercice d’une discipline. Quelle est la place du mental, quel est son rôle, dans l’étape de la récupération ? Qu’est-ce qu’on doit « se dire » pour bien récupérer ?
Pour le mental il y a des choses à se dire, mais aussi des choses à surtout ne pas se dire !
Il faut s’enlever de la tête que « ne pas courir », ou « ne pas faire du sport » nous fait régresser. La récupération fait partie de votre progression, tout simplement !
Vous avez besoin de bouger malgré tout ? Faites des étirements, allez marcher… Choisissez des pratiques douces.
Aurais-tu quelques étapes simples de récupération à partager à tout débutant pour bien réussir sa première expérience sportive ? Des conseils qui structureraient sa pratique solidement dès le début vis-à-vis de la récupération ?
La meilleure façon est de débuter avec une petite règle simple : chronométrez votre pratique au fil des semaines.
Ecrivez votre temps de kilomètres parcourus, votre temps de minute d’étirement, votre temps de renforcement musculaire réalisé, votre temps de sommeil en plus … En faisant cela vous ne perdez rien de vue, et vous pouvez alors suivre à la trace les éléments de votre pratique sportive qui peuvent être améliorés.